Entraînement

Bien que les recherches se poursuivent, la science ne peut toujours pas expliquer comment et pourquoi les gens réagissent aux sons. Au Canada, R. Murray Schafer a lancé le projet Soundscape dans les années 1970. Cela a jeté les bases d’une méthode pour montrer comment les sons dans l’environnement et l’espace autour des auditeurs affectent les gens. Barry Truax a résumé les dernières découvertes dans son livre Handbook for Acoustic Ecology (www.sfu.ca/sonic-studio-webdav/handbook/index.html, anglais seulement).

Ce champ d’études a mené à l’émergence de plusieurs disciplines. La psychoacoustique étudie la façon dont nous percevons le son, incluant la façon dont nous écoutons. Elle examine également nos réactions psychologiques et les façons dont la musique influe sur le système nerveux humain. Des chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (http://daniellevitin.com/levitinlab/articles/2013-TICS_1180) ont documenté les manières dont les êtres humains réagissent à la résonance (vibrations combinées). Cela inclut l’entraînement. Un exemple est la réponse motrice presque involontaire de la personne qui tape du pied sur un motif rythmique. L’entraînement peut, en fait, modifier les ondes cérébrales, la fréquence cardiaque et le cycle respiratoire  (http://www.incrediblehorizons.com/psychoacoustics.html). Les chercheurs affirment que la musique pourrait avoir des effets directs sur notre santé.

Là encore, lorsque les scientifiques atteindront le sommet de la montagne, ils découvriront peut-être, à leur grande surprise, que les peuples autochtones sont déjà de l’autre côté. Les communautés autochtones savent depuis longtemps que les sons musicaux sont thérapeutiques et peuvent guérir les maladies. Les chamans, hommes et femmes, utilisent des hochets, des tambours et des chants pour rétablir des rythmes physiques sains.

Les artisans autochtones habiles à la fabrication d’instruments travaillent en étroite relation avec les sons naturels qui affectent les auditeurs. Au fil des générations, les peuples autochtones en sont venus à privilégier certaines qualités tonales particulières. Les artisans traditionnels ont ainsi toujours utilisé des matériaux locaux pour créer des instruments qui mettent en valeur les hauteurs et les timbres les plus prisés.

Comme ce chapitre l’a montré, la science et les cultures autochtones explorent le même monde. Mais il convient de souligner certaines différences. Par exemple, les peuples autochtones ont acquis leur savoir sur plusieurs milliers d’années. La science, en comparaison, est encore toute jeune. L’avenir n’en est pas moins prometteur. Qui sait ce que l’humanité accomplira si, dans l’honneur mutuel, ces deux grandes visions du monde découvrent, de plus en plus, un Univers dans lequel elles partagent le même esprit. La rencontre de la pure connaissance, de la coopération et du respect pourrait-elle marquer la prochaine étape de l’humanité?

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