Au fil des âges, les artisans ont su équilibrer habilement les matériaux physiques de base pour donner à la musique autochtone sa profondeur, sa richesse et sa variété. Gabe Dick apprend ces variantes complexes et subtiles. Les différentes sortes de bois et de peaux, la taille du cadre du tambour, et même les saisons pendant lesquelles les artisans choisissent les matériaux, sont toutes issues de traditions distinctes réparties dans le paysage culturel autochtone. Cette exploration inclut le tambour de pow-wow moderne que Gabe et beaucoup de batteurs de son âge privilégient. Il émet un son plus profond que le tambour de pow-wow traditionnel. En effet, les artisans n’ont apporté que de légères modifications au tambour de pow-wow, mais ces petites différences s’inscrivent dans une longue évolution culturelle au fil des générations.
La musique autochtone n’éclipse jamais le passé. Elle lui rend hommage. D’une certaine façon, les sons sont nouveaux, mais les batteurs modernes « observent les gens, apprennent les rythmes et gagnent en confiance », comme l’explique Jimmy Dick.
Les scientifiques, eux aussi, ont des traditions et ont peaufiné leur art au fil des siècles. Le langage du tambour et le langage des mathématiques et de la physique ne véhiculent pas seulement des messages culturels, mais aussi physiques.
« Le tambour est le battement de cœur du peuple, dit Jimmy Dick. Lorsque vous jouez, cela a un effet physique sur votre corps… ce ba-boum, ba-boum, qui pompe votre sang… Plus vous mettez d’énergie dans le tambour, plus vous en retirez. »
Connaître le tambour signifie connaître son corps et le monde dans lequel on évolue. Le tambour est un moyen de se connecter à la Terre et aux forces qu’elle met en mouvement. Les tambours, les flûtes, les instruments à cordes et la voix chantée forment la musique ancienne de l’humanité sur Terre. Ils constituent un langage qui lie nos existences, à nous tous ici sur Terre. En parallèle, les mathématiques de la physique forment la musique de l’Univers, un langage qui nous relie à l’existence.
Ces deux langages décrivent différemment le monde que nous partageons, mais ils ne sont pas si différents, après tout. Les peuples autochtones apprennent les coutumes de leurs ancêtres et les autres Nord-Américains apprennent les voies de la science et de la physique. Mais cela pourrait mener à la convergence de ces grands modes de vie, plutôt que de les diviser. Nous vivons tous dans le présent. Nous sommes tous en train d’apprendre ce que l’Univers, ancien et pourtant intemporel, enseigne à l’humanité, à savoir que chacun de nous, avec son intuition ou son esprit, devrait, à sa manière, honorer le Créateur.
Nous devrions savoir ceci : de manières très concrètes, l’Univers est musique. Le temps, l’espace, l’intuition et les lois de la physique se combinent pour mettre la musique en mouvement, en puisant dans cette énergie pour la restituer et en entraînant une réflexion perpétuelle.