D’un bout à l’autre du Canada, les raisons pour lesquelles les peuples autochtones utilisent le tambour varient énormément d’un groupe culturel à l’autre, et parfois même au sein d’un même groupe culturel.
Les événements où l’on joue du tambour peuvent être grossièrement classés en quatre catégories principales, mais, comme en tout ce qui concerne la musique et la culture des Premiers Peuples, chaque situation particulière où l’on utilise le tambour doit être comprise dans son contexte culturel.
Événements sociaux
Les événements sociaux visent à rassembler la communauté. Leur objectif est de créer une solidarité et de renforcer les liens familiaux, claniques et communautaires. Ces événements peuvent faire partie d’activités cérémonielles ou sacrées, ou il peut s’agir tout simplement d’occasions de s’amuser. Cela inclut des concours ou des jeux de mains ou de bâtons. D’autres événements sociaux sont simplement des occasions de danser et de socialiser. Néanmoins, tous ces événements servent à rapprocher les gens et à renforcer le sens de la solidarité au sein de la communauté.
Certains événements sociaux rassemblent jeunes hommes et jeunes femmes pour qu’ils fassent mieux connaissance. Un exemple typique est la danse ronde de certaines régions de l’Alberta. Lors de cette activité sociale, les batteurs de tambours et les chanteurs se tiennent au centre du cercle. Au son des tambours à main, les gens dansent autour d’eux, en exécutant des pas traînés à gauche. Tout le monde a l’occasion de danser et passe un moment merveilleux.
Dans les cultures traditionnelles où les hommes et les femmes ne dansaient pas ensemble, les événements sociaux leur permettaient de se réunir et de socialiser. Les danses de tambours inuites comptent parmi les meilleurs exemples. Cette division des sexes transparaît encore dans la manière dont les pow-wow modernes sont organisés, les hommes et les femmes dansant séparément la plupart du temps. Dans les sociétés marquées par une approche plus égalitaire, comme chez les Haudenosaunees (Iroquois), la plupart des danses sociales sont mixtes, mais il subsiste certaines danses spéciales pour chaque sexe.
Utilisation intime du tambour
L’utilisation intime du tambour est beaucoup plus difficile à décrire. Elle varie d’une personne à l’autre, et non pas seulement d’une culture à l’autre. Pour certains, jouer du tambour peut être un moyen de se calmer, en se concentrant sur le jeu de tambour pour se préparer à affronter des moments ou des situations difficiles, pour trouver du réconfort en cas de deuil ou pour accompagner la prière. Certaines personnes privilégient le jeu de tambour en privé pour communiquer avec les « aides spirituels » qui participent à leur travail de guérison. Moi, Rohahes, je peux parler d’expérience. Le fait de jouer du tambour m’a apporté du réconfort dans certains moments de deuil. J’y ai trouvé une source de force et d’inspiration pour me préparer en vue de tâches ou d’événements particulièrement difficiles.
Guérison
Les archives historiques et les écrits contemporains nous montrent que les Premiers Peuples maintiennent encore aujourd’hui des pratiques de guérison qui remontent loin dans le temps. Selon la culture, le tambour ou un autre instrument de percussion, comme le hochet, joue généralement un rôle majeur.
Utilisations cérémonielles
Il est aussi difficile de décrire toutes les utilisations cérémonielles des tambours. On retrouve au Canada un grand nombre de cultures complexes. Les gens font deux catégories différentes d’usages des tambours dans le cadre des cérémonies. La première catégorie d’usages est religieuse. Elle fait écho à de nombreux aspects spirituels d’une culture. La deuxième catégorie d’usages regroupe les usages liés à la socialisation, à la politique et à la vie civique. La catégorie des usages religieux couvre des événements importants du cycle annuel, des événements mythologiques centraux et toutes les autres activités religieuses que chacune des cultures considère comme importantes. La catégorie d’usages liés à la socialisation, à la politique et à la vie civique englobe des événements comme l’installation de nouveaux chefs ou de nouveaux responsables. Parmi ce type d’événements, on compte aussi des visites d’ordre politique auprès d’autres groupes autochtones, ainsi que d’autres événements sans connotations essentiellement religieuses.
Ces deux catégories d’usages se chevauchent souvent dans les cultures autochtones. La division entre le sacré et le profane n’est pas clairement établie dans les cultures des Premiers Peuples. La danse du tambour inuite, par exemple, peut servir un objectif profane tout en proposant des divertissements. Il peut aussi s’agir d’occasions où les gens règlent des différends juridiques et reconnaissent une autorité de nature sacrée.