Jani Lauzon a grandi dans la région d’East Kootenays en Colombie-Britannique, où elle a hérité de la richesse culturelle des ancêtres métis et scandinaves de ses parents. Son père était pianiste et peintre, tandis que sa mère était mathématicienne et fabriquait des poupées. Ses parents adoptifs, tous deux enseignants et artistes, nourrissaient l’intérêt naturel de Jani pour le théâtre et la musique. Elle a acquis un solide talent à la flûte occidentale et elle a commencé sa carrière d’interprète à la fin des années 1980, époque où elle a donné des prestations virtuoses et énergiques en utilisant la flûte occidentale et diverses flûtes autochtones et en chantant ses propres chansons imprégnées de blues.
Plus récemment, elle a développé les facettes de sa carrière liées au théâtre et à l’écriture, tout en continuant à composer et à jouer de la musique, notamment en tant que chanteuse sur de nombreuses bandes sonores de films, de télévision et de théâtre. Jani Lauzon a été nommée trois fois aux prix Juno en tant qu’auteure-compositrice-interprète et créatrice de plusieurs personnages de marionnettes pour la télévision pour enfants. Connue sous le nom de Grannie dans l’émission Mr. Dress-up, elle a joué Lili/Little Star dans Little Star, Pa Foley dans Big Comfy Couch et Sasha dans Prairie Berry Pie. En 2004, elle a remporté un Gemini pour son rôle de Seeka dans la série Wumpa’s World. Elle est ainsi devenue la première marionnettiste métisse à remporter ce prix.
En 1999, Jani Lauzon a cofondé le Turtle Gals Performance Ensemble, un organisme voué à la présentation d’histoires autochtones. Pour ce groupe, elle a entre autres écrit le spectacle complet The Scrubbing Project. Sa pièce On the Road to Freedom a connu un grand succès à Weesagechak et, grâce à la bourse d’écrivain en résidence distingué Barker Fairley de l’Université de Toronto, elle a continué de bonifier cette œuvre. Depuis, elle a réalisé de nombreuses pièces de théâtre. Parmi ces projets, soulignons The Vagina Monologues pour NATIVE EARTH et Waiora au Centre for Indigenous Theatre. Pour The Monument, elle a reçu le prix du « meilleur réalisateur » des Toronto Theatre Critics Awards.
En 2008, elle a été nommée meilleure artiste traditionnelle féminine après la sortie de son album Mixed Blessings. Nommée six fois meilleure actrice aux prix Dora Mavor Moore, elle a donné de nombreuses représentations théâtrales, entre autres dans Diva Ojibway et Son of Avash à NATIVE EARTH, Almighty Voice and his Wife à la Great Canadian Theatre Company et, en 2012, elle a joué les rôles de Cordelia et du fou du roi dans une production entièrement autochtone du King Lear de Shakespeare. Elle a fait de nombreuses apparitions à la télévision, dont pour Destiny Ridge et Conspiracy of Silence.
En 2018, le groupe Native Earth Performing Arts a présenté l’œuvre d’opéra-théâtre de Jani Lauzon intitulée I Call myself Princess, une œuvre inspirée de la musique de Shanewis: The Robin Woman, et qui en reprend une partie de la musique. Cet opéra sur Tsianina Redfeather a été composé par Charles Wakefield Cadman, un compositeur américain qui faisait partie d’un mouvement du début des années 1900 qui utilisait la musique autochtone pour créer une identité musicale nord-américaine distincte. Jani Lauzon a écrit :
« D’après nos normes actuelles, l’opéra de Cadman serait considéré comme sexiste, raciste et naïf, mais c’était la culture populaire de l’époque et, à bien des égards, son opéra reflétait le paysage changeant de l’identité autochtone. En juxtaposant la musique et les scènes de l’opéra avec des personnages contemporains comme William Morin et son petit ami Alex Park, cette pièce ne fait que commencer à démêler le tissu complexe de l’identité “indienne” d’aujourd’hui. »
Discographie
Blue Voice/New Voice (1994/2000). RA Records, distributeur Indiepool
Hearts of the Nations (1997). The Banff Centre/Sweet Grass
Tribal Fires: Contemporary Native American Music (1997). EarthBeat R2 72930
Music from Turtle Island: Contemporary Native American Music. TIM 30024.
Thirst (1998). RA Records, distributeur Indiepool
Heartbeat 2: More Voices of First Nations Women (1998). Smithsonian Folkways SF CD 40455
Mixed Blessings (2007). Indépendant
Presse – Acclamations de la critique
John Valenteyn a écrit ce qui suit pour la Toronto Blues Society en 1998 :
« Le premier album de Jani Lauzon, New Voice/Blue Voice, était déjà une œuvre majeure (nommée aux JUNO en 1994) et maintenant, Thirst, de nouveau chez RA Records, marque un grand pas en avant. Son évidente évolution artistique l’a aussi éloignée du blues, sur cet album, à quelques exceptions près… Les couleurs propres au blues et aux Premières Nations sont toujours présentes dans sa palette, mais il y a maintenant beaucoup plus de nuances. L’album est peint avec les couleurs et les textures presque orchestrales de Jani et du producteur et tambour Gary Taylor, ainsi qu’avec les paroles autobiographiques, parfois profondément religieuses, de Jani et de ses collaborateurs. »
« Sa voix est celle d’une vieille âme, refondue dans un cadre compact, rayonnante d’énergie, légère et forte… C’est comme Janice Joplin qui chanterait avec la voix d’un ange. » –
Susan Walker, The Toronto Star
« L’une des scènes les plus puissantes de la pièce est la chanson de Lauzon sur l’air d’Amazing Grace. Avec sa peinture blanche sur le visage qui commence à s’étaler et à couler sur sa veste, sa performance incarnait la confusion déchirante d’un peuple exploité. » – Eve Edmonds, Ottawa Sun (Almighty Voice and His Wife; GCTC)
« Jani Lauzon, dans le rôle de la prostituée Yvette Pottier, offre la meilleure performance musicale de Mère Courage (Surabaya Johnny de Kurt Weill). » – Jared Story, Winnipeg UPTOWN (Mother Courage; CNA/MTC)
Dans ses propres mots
Billie Holiday et les Jackson Five ont été mes premières influences musicales, suivis par Etta James, Aretha Franklin, Nina Simone, Irma Thomas et même les Inuit Throat Singers/les interprètes de chants de gorge inuits… Mon père jouait un excellent jazz au piano et mes parents adoptifs adoraient le théâtre musical. Je suis autant actrice que musicienne et je suis une personne très spirituelle. Des années de formation vocale me permettent de « flotter » par-dessus la technique et de RESSENTIR la musique. La performance devient un état d’être, qui me connecte avec l’énergie inépuisable du Créateur. Un style musical se développe, émanant de toutes les choses merveilleuses, belles et différentes que je suis… C’est un peu comme si tout cela faisait partie du même terreau de créativité, pour moi. Ce n’est qu’une partie du même cercle (puisque je joue du tambour grand-père, du tambour à main, de la flûte occidentale et de la flûte autochtone).
Ce que je constate au théâtre, au cinéma et en musique, c’est que les peuples autochtones se sentent plus à l’aise de reconnaître à nouveau que notre façon de travailler est différente.
Coordonnées et liens
https://www.cbc.ca/radio/ideas/appropriation-collaboration-and-representation-telling-indigenous-stories-1.4969788 (consulté pour la dernière fois le 22/01/2019)